Problème majeur de santé publique, la dénutrition concerne plus de deux millions de personnes en France. Elle se caractérise par une insuffisance des apports nutritionnels par rapport aux besoins de l’organisme. Face à ce phénomène, le chirurgien-dentiste a un vrai rôle à jouer.

La dénutrition concerne essentiellement le sujet âgé, et sa prévalence augmente avec l’âge. Elle se traduit par une perte de poids involontaire et participe à une fragilisation et une diminution des défenses naturelles qui augmente le risque d’infection. Elle est aussi responsable d’une altération de la force musculaire et de la mobilité, augmente les complications médicales et chirurgicales et ralentit la guérison d’une maladie curable… En cas de suspicion d’une altération du statut nutritionnel, le chirurgien-dentiste doit intervenir. En effet, l’assainissement de la cavité́ buccale et la restauration de la fonction masticatoire participent à la prise en charge globale de la dénutrition. Bien sûr, les visites de contrôle annuelles ou semestrielles (en cas de pathologies chroniques) associées à une bonne hygiène bucco-dentaire biquotidienne représentent un acte de prévention des atteintes de la cavité buccale qui empêcheraient le patient âgé de bien se nourrir.

Les seniors particulièrement concernés

Car pour les seniors, adopter une bonne hygiène alimentaire, élément clé du bien vieillir, peut s’avérer complexe. Il faut savoir, en effet, que le bol alimentaire, première étape de la digestion, est constitué́ dans la bouche par la mastication des aliments et leur imbibition salivaire. Mais avec le vieillissement de la cavité buccale et les pathologies qui y sont associées, le potentiel masticatoire, sous l’influence de nombreux cofacteurs, diminue. Cela peut être dû à l’état des dents (mais aussi leur nombre et leur mobilité), à la diminution du flux salivaire, au port éventuel de prothèses, ou encore à la présence d’une inflammation gingivale ou de pathologies des muqueuses. Ainsi, l’alimentation du patient âgé peut être influencée et avoir des conséquences délétères sur ses apports nutritionnels qualitatifs et quantitatifs, son confort et son bien-être. Un mauvais état bucco-dentaire est donc un véritable handicap, et un facteur de risque reconnu de dénutrition.

Préserver ses dents pour mieux manger

La conservation de 20 dents, au minimum, semble nécessaire au maintien d’une fonction masticatoire correcte et d’une bonne nutrition. Le nombre moyen de dents perdues augmente avec l’âge et chez les personnes de plus de 65 ans, le nombre de dents restantes varie entre 12 et 17 selon les pays. Ainsi, seuls 10 % des personnes âgées de plus de 75 ans ont 21 dents naturelles ou plus, et la plupart des enquêtes montrent une prévalence de l’édentement proche de 60 % chez les patients âgés en institution.

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