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Comme pour les soins de chirurgie esthétique, les soins dentaires vont parfois aller se pratiquer hors de nos frontières hexagonales. Dans certains pays européens, en effet, les tarifs peuvent être plus attractifs. Oui, mais est-ce vraiment une bonne idée ?

Le premier critère qui va pousser un patient français à réaliser des soins dentaires à l’étranger est évidemment financier. Certains pays situés dans l’espace européen, en effet, pratiquent des tarifs bien en deçà de ceux auxquels nous sommes habitués en France. En Hongrie, par exemple, sorte d’Eldorado du tourisme dentaire européen, les prix sont jusqu’à 60 % plus bas que dans l’Hexagone ; en Espagne et en Italie, environ 30 % moins onéreux. Si en France, le remboursement des soins dentaires peut aller jusqu’à 100 %, grâce à la couverture de l’Assurance maladie augmentée de la prise en charge par une complémentaire santé, reste que certains traitements sont dits à « honoraires libres » ce qui signifie que votre chirurgien-dentiste peut appliquer des dépassements d’honoraires.

Est-on remboursé pour des soins dentaires à l’étranger ?

La réponse est oui ! La réglementation européenne permet en effet aux patients hexagonaux d’être remboursés par l’Assurance maladie pour des soins réalisés au sein de l’espace européen et en Suisse, selon les mêmes conditions qu’en France. 

Existe-t-il des risques à se faire traiter à l’étranger ?

Bien sûr, il n’est pas question de remettre en cause les qualifications des chirurgiens-dentistes exerçant dans d’autres pays. Quelques facteurs, néanmoins, sont à étudier. Quand vous partez à l’étranger pour un soin dentaire, le plus souvent, vous signez un devis à distance, établi à partir d’une radio panoramique, sans avoir été examiné par le praticien qui vous l’envoie. C’est là l’exact inverse de ce qu’impose la déontologie française, à savoir accepter un devis après un examen clinique, et dans une logique de consentement libre et éclairé. En outre, la question de la barrière de la langue peut être posée dans la mesure où elle peut induire des incompréhensions de part et d’autre. Se pose également la question du secret médical si le voyage inclut un interprète et/ou a été organisé par une agence spécialisée. Soulignons aussi que les soins à l’étranger se veulent « rapides » ce qui peut être problématique en cas d’importantes réhabilitations implantaires ou prothétiques. Le patient doit prendre le temps nécessaire pour se remettre et cicatriser. Or, loin de chez lui, ce n’est pas toujours ni facile, ni possible.

Quid du suivi ?

Mais le problème majeur du tourisme dentaire reste le suivi, notamment en cas de complications. L’absence de continuité des soins peut représenter un véritable écueil et ce, plus particulièrement pour certains soins dentaires réclamant un suivi rigoureux comme la pose d’un ou plusieurs éléments prothétiques ou implantaires.

Et, en cas de litige, quel recours ?

Au sein de l’Union européenne, quel que soit le pays où les soins ont été effectués, le chirurgien-dentiste qui les a réalisés est responsable de ses actes, et accepte donc la gestion d’éventuelles complications, événements imprévus ou erreurs de pratique. Pour autant, en cas de litige, c’est la loi du pays ayant prodigué les soins qui va s’appliquer. Une procédure qui peut s’avérer longue, complexe et coûteuse, surtout quand on ne maîtrise pas la langue. Rappelons que depuis le 1er janvier 2020, dans le cadre de la réforme 100 % santé, la pose de certaines prothèses dentaires est désormais garantie sans reste à charge. Renseignez-vous auprès de votre chirurgien-dentiste.

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